Quand j'étais plus jeune, ma plus grande peur était celle du noir. En grandissant, j'ai appris (en fait, j'ai été forcé de surmonter cette peur) parce qu'au lycée, je partageais ma chambre avec des amies qui ne pouvaient pas dormir avec la lumière allumée. Ma peur du noir a peu à peu disparu, mais elle a été remplacée par d'autres, dont la peur de la mort. En cherchant des moyens de la surmonter, j'ai découvert ce livre de François Cheng : «Cinq méditations sur la mort, autrement dit... sur la vie», qui m'a aidé à repenser l'idée de la mort. Et c'est cela que je veux partager avec vous aujourd'hui. Merci de vous joindre à moi.
Réalisez l'omniprésence et le pouvoir de la mort.
“Dès qu'un homme est né il est assez vieux pour mourir.” | Heidegger
Comme je n'ai aucun contrôle sur elle, l'idée de la mort n'était pas une chose à laquelle j'aimais penser. Oui, nous savons tous que nous allons mourir un jour, mais nous n'aimons pas qu'on nous le rappelle. C'est douloureux, et même déprimant. Quel est l'intérêt de vivre si nous pouvons mourir à tout moment? Mais la vérité est que la mort et la vie sont indissociables. En excluant la mort de notre vie, nous nous privons d'une vie complète et, en l'accueillant, nous élargissons notre vie. Nous devons changer notre façon de voir la mort. Nous devons réfléchir sur la base d'une compréhension profonde de la mort. Et, au lieu de considérer la mort comme la fin de la vie, nous devons la voir comme le point central autour duquel tourne la vie.
Si la vie n'existait pas, il n'y aurait pas de mort.
J'ai toujours été fascinée par les films/séries sur le voyage dans le temps, même si c'est parfois difficile à comprendre haha. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de la série Syfy '12 Monkeys'. Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle raconte l'histoire d'une secte, qui s'appelle elle-même 'l'armée des 12 singes'. Leur objectif était de détruire le temps en créant d'une ville géante, machine à voyager dans le temps, connue sous le nom de Titan. Ils pensaient qu'une fois le temps détruit, une Forêt Rouge apparaîtra à sa place. (La Forêt Rouge est un lieu libéré du temps, et donc de la mort, où ils pourraient vivre éternellement dans le "maintenant", une répétition infinie d'un instant spécifique).
En réalité, nous savons que c'est quelque chose d'impossible. Et peu importe à quel point nous essayons de le défier, le temps fait toujours son chemin et en même temps nous met dans l'urgence d'avancer parce que nous réalisons que nous ne sommes pas immortels. Tout a une fin, la vie aussi. Et si la vie n'existait pas, il ne pourrait y avoir de mort.
Penser à la mort, c'est penser à la vie.
“La mort est notre amie précisément parce qu'elle nous met en présence absolue et passionnée de tout ce qui est ici, qui est naturel, qui est amour... La vie dit toujours oui et non simultanément. La mort (je vous implore de le croire) est la véritable diseuse de oui. Elle se tient devant l'éternité et ne dit: OUI.” | Rainer Maria Rilke.
En acceptant que notre temps est limité, nous voyons la mort et la vie sous un jour nouveau. En fait, en pensant à la mort, nous pensons à la vie. Cette conscience de la mort donne naissance à l'idée du sacré de la vie. Et sans cette notion de sacré, il est impossible pour l'humanité d'établir une hiérarchie des valeurs. Nous apprenons à être plus reconnaissants et à apprécier la beauté de la vie. Nous réalisons que le monde est beau, et cette beauté nous rappelle, parfois à notre insu, que la vie, notre vie, vaut la peine d'être vécue.
La mort comme cessation d'un 'certain état' de vie
“L'essence de la vie est éternelle.” | Baruch Spinoza
L'être humain ne se réduit pas seulement à son enveloppe corporelle. Nous sommes constitués d'un corps, d'un esprit et d'une âme. En ce sens, la mort corporelle n'est donc que la cessation d'un 'certain état' de vie. De nombreux religieux et penseurs partagent la conviction qu'au moment de la mort, l'âme se détache du corps et lui survit. Certaines personnes croient en une vie après la mort et d'autres considèrent la mort comme un accomplissement et une occasion de renaître d'une autre manière (réincarnation).
Devoir de mémoire.
Comme le dit Birago Diop dans son poème 'Esprits', Les morts ne sont pas morts. Ils sont dans nos cœurs, et tout autour de nous. Ils mesurent la vie à travers le prisme de l'éternité et ont beaucoup à nous apprendre. Ils peuvent veiller sur nous et nous protéger à condition que nous ne soyons pas assez ingrats pour les oublier.
“Ne pas oublier les morts, c'est aussi apprendre la gratitude envers eux et, à travers eux, envers la vie.” | François Cheng.
Sources:
Au terme de ma lecture, je ne peux pas dire que j'ai complètement vaincu ma peur, mais j'ai fait quand même de grands progrès. J'ai un regard neuf sur la perspective de ma fin de vie, et intégrer la mort dans ma réflexion quotidienne m'aide à entrevoir la beauté de la vie et à être plus reconnaissante. J'espère que cela vous aidera aussi dans votre cheminement. Merci de votre lecture. Que Dieu vous bénisse, prenez soin de vous.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule,
Ils sont dans l'eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
Ils sont dans le sein de la femme,
Ils sont dans l'enfant qui vagit,
Et dans le tison qui s'enflamme,
Les morts ne sont jamais sous terre,
Ils sont dans le feu qui s'éteint,
Ils sont dans le rocher qui geint,
Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.
Le souffle des ancêtres morts
Qui ne sont pas partis,
Qui ne sont pas sous terre,
Qui ne sont pas morts
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend
Entends la voix de l'eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres
Il redit chaque jour le pacte
Le grand pacte qui lie,
Qui lie à la loi notre sort;
Aux actes des souffles plus forts,
Le sort de nos morts qui ne sont pas morts;
Le lord pacte qui nous lie aux acte
Des souffles qui se meuvent.
Dans le lit et sur les rives du fleuve,
Dans plusieurs souffles qui se meuvent
Dans le rocher qui geint et dans l'herbe qui pleure
Des souffles qui demeurent
Dans l'ombre qui s'éclaire on s'épaissit,
Dans l'arbre qui frémit, dans le bois qui gémit,
Et dans l'eau qui coule et dans l'eau qui dort,
Des souffles plus forts, qui ont pris
Le souffle des morts qui ne sont pas morts,
Des morts qui ne sont pas partis,
Des morts qui ne sont plus sous terre.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres...
| Birago Diop - Esprits 1960
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